La Confédération paysanne réclame des prix minimums d’entrée
Emportant des fruits et légumes étrangers à la Direction générale des douanes et droits indirects, la Confédération paysanne a demandé l’installation de prix minimums d’entrée au niveau national contre la concurrence déloyale.
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« On vous amène des paniers de légumes ! » Dans le hall de la Direction générale des douanes, à Vincennes (Île-de-France), le cadeau n’en n’est pas vraiment un.
La Confédération paysanne a récupéré, le jeudi 25 avril 2024, des fruits et légumes des magasins environnants pour les amener dans le hall de l’institution pour réclamer des « prix minimums d’entrée » des fruits et légumes étrangers en France.
L’objectif, dénoncer « le caractère systémique des importations à bas prix » et réclamer qu’« aucune production qui rentre sur le territoire [français] soit en dessous des coûts de production français », défend Thomas Gibert, secrétaire national de la Confédération paysanne.
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En début d’après-midi, une soixantaine d’agriculteurs du syndicat ont investi de concert un Carrefour City et un Naturalia pour retirer quelques fruits et légumes étrangers. Alors que sur la porte du Naturalia il est écrit bio et local, les concombres sont bien notés d’origine Espagne, fait remarquer une agricultrice attentive. Pire, les carottes vendues en vrac sous l’étiquette « origine France » proviennent de l’Italie.
Au Carrefour City, melons, salades, poires ou tomates ont rejoint le panier des indésirables. « Peu importe le magasin, trouver des fruits et légumes de saison importés c’est systémique ! » s’indigne Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne.
Légumes de saison importés
Actuellement, près de la moitié des fruits et légumes consommés en France viennent de l’étranger. Une absurdité, pour la porte-parole du syndicat : « On a de quoi être autonome si on accepte de rester sur des produits de saison et qu’on développe des politiques publiques qui accompagnent la filière des fruits et légumes. »
« Nous venons défendre nos emplois », entonne un agriculteur, la troupe arrivée dans le hall de la Direction générale des douanes avec plusieurs paniers de fruits et légumes à leurs pieds.
Pour les gourmands qui espéraient grappiller quelques framboises, mauvaise pioche. Les fruits et légumes devaient être déposés le soir-même dans un centre pour migrants, a assuré la porte-parole, Laurence Marandola.
Parmi les griefs dénoncés par les producteurs, la « désaisonnalité » : « Tous les ans au mois de mars, les clients nous demandent des tomates et des concombres, c’est la faute de la grande distribution ! » pointe une maraîchère sous le regard de quelques curieux fonctionnaires.
Deux représentants d’un syndicat des douanes, Solidaires, étaient présents pour soutenir l’action. « C’est évident que les mécanismes qui broient les paysans sont les mêmes qui broient les travailleurs », observe Laurence Marandola.
« Les douanes c’est le service qui doit pouvoir vérifier ce qui rentre et ce qui sort au niveau agricole », appelle la porte-parole. La Confédération paysanne défend ce jour l’instauration de prix minimums d’entrée aux frontières nationales « pour réguler les importations et pour nous rémunérer ». Comment l’instaurer concrètement ? C’est là que la problématique se complexifie.
Prérogative de l’Union européenne
Car la taxation aux frontières n’est pas une prérogative nationale, mais dépend de l’Union européenne. Depuis l’Union douanière de 1968 et son inscription dans le marbre par le traité de Lisbonne en 2007, la libre circulation des biens est un principe de l’Union européenne tout comme l’instauration de droits de douane externes. Et, difficulté supplémentaire, ce sont souvent des fruits et légumes venues de pays intra-européens qui représentent une concurrence déloyale, explique la Confédération paysanne.
« Les règles du traité européen sont largement contournées dans d’autres filières pas forcément agricoles », avance Laurence Marandola, alors sur un « sujet aussi sensible que l’alimentation et les produits frais, il n’y a pas de raisons qu’on soit plus royalistes que le roi ». Pas question donc d’abdiquer pour le syndicat minoritaire : instaurer des prix minimums d’entrée, « ça nous semble tout à fait possible et nécessaire ».
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